Historique du style
Chaque art martial étant issu d’une conjoncture originale d’événements, de lieux et d’époques, vous comprendrez aisément la multitude des techniques existant aujourd’hui. De plus, les guerres (arts martiaux = art de la guerre) ont induit de nombreux échanges techniques et culturels qui ont abouti à des généalogies particulières de certains styles et notamment à celle du karaté kyokushin. Le kyokushin-ryû (Litt. : École de l’Ultime Vérité) est considéré comme l’un des styles les plus durs, les plus efficaces et les plus intransigeant du karaté japonais. Créé dans les années ‘50 par Masutatsu Oyama, ce style détonnant est une synthèse des techniques les plus efficaces des arts martiaux d’Extrême-Orient.
Né en 1923 en Corée, le jeune et turbulent Hyung Yee* s’initie tout d’abord à deux arts martiaux locaux, le tae-kyon et le tae-kwon-pup. (*Il prendra son nom japonais de Masutatsu Oyama plus tard à Tokyo, lorsqu’il décidera de consacrer sa vie au karaté). Hyung Yee suit aussi des cours de lutte ainsi que de kenpô chinois et japonais. À l’âge de treize ans (en 1936), il arrive à Tokyo où il pratique le judo. Ces qualités lui permettront même de suivre des cours au Kodokan, centre mondial du judo. En 1938, alors âgé de quinze ans, il s’inscrit au shotokan dans l’école de Gichin et Yoshitaka Funakoshi.
Il quittera cette école au bout de un an et demi, à la suite de la défaite de Yoshitaka (le fils de Gichin Funakoshi) face à un expert de gojû-ryû. Il juge les techniques inefficaces car trop linéaires et rigides, de plus il n’apprécie guère l’idée de contrôler ses techniques.
En 1940, il devient le disciple du maître Shô Neishu (d’origine coréenne comme lui), lui-même l’un des disciples avancés de Gôgen Yamaguchi et fondateur de la branche japonaise du gojû-ryû. Avec lui, il apprend le zen et sur ses conseils étudie directement le gojû-ryû avec Yamaguchi.
Il découvre dans ce style les techniques circulaires et l’approche du corps à corps. Ce sera plus tard, la base technique du style kyokushin élaborée en parallèle avec les techniques du taiki ken de maître Kenichi Sawai, aujourd'hui décédé.
Oyama est un élève exceptionnel qui s’entraîne sans relâche avec une intensité hors du commun. En 1947, soit à vingt-quatre ans, il remporte le premier tournoi réunissant les principales écoles de karaté du Japon. C’était au Karuyama Gymnasium de Kyôto. La règle était simple pour ce tournoi : pas de règles ou presque! Sa victoire est historique.
En 1948, Oyama, qui fréquente depuis quelques temps les gangs de Tokyo, a une vie nocturne mouvementée. Lors d’une bagarre dans une boîte de nuit, il tue à mains nues son adversaire et est immédiatement emprisonné. La légitime défense est retenue et il est libéré au bout de quelques mois. Ce fait marquant le décide alors à se retirer volontairement de la ville afin d’approfondir la voie du karaté et celle du zen. Il choisit donc de vivre en ermite sur le mont Kiyosumi. Pendant dix-huit mois, il s’astreint à une discipline de fer et utilise tout ce que la nature lui donne afin de développer sa force et sa condition physique; courses à travers les torrents, méditation sous les cascades, exercices de casse (tameshiwari), etc. Pour son retour à la civilisation, Oyama conscient de ses fabuleuses capacités, décide de prouver la supériorité de son karaté sur les autres types de combats à mains nues en réalisant un exploit hors du commun. Il a entendu parler de l’histoire d’un grand maître d’Okinawa, Sôkon Matsumura qui avait affronté un taureau… En 1950, il affronte son premier taureau. S’il ne parvient pas à l’abattre, il réussi néanmoins à lui briser une corne d’un shuto tsuki. Par la suite, lors de nombreuses démonstrations au Japon et aux USA, il affrontera cinquante-deux taureaux. Il en tuera trois et brisera les cornes des quarante-neuf autres.
Oyama s’inspire par la suite d’un autre grand maître, Chôki Motubu (1870-1940) spécialiste de karaté et de kenpô qui se rendit célèbre en défiant avec succès des experts de karaté, de boxe et de lutte. Entre 1952 et 1954, Oyama effectue plus de 200 démonstrations aux USA et rencontre victorieusement des lutteurs et boxeurs célèbres. À partir de cette époque le kyokushin commence réellement à prendre forme.
En 1954, il rencontrera à Hawaii, Edward « Bobby » Lowe, expert en kenpô qu’il considérera plus tard comme son frère. De retour à Tokyo, il crée son premier dojo.
En 1956 un voyage à Okinawa lui permet encore d’étudier et d’approfondir diverses techniques de kenpô.
Cette même année lui permet aussi d’affronter victorieusement Black Cobra, le légendaire champion de boxe thaïlandaise. En 1957, il fonde à Tokyo le kyokushin-kai (organisation kyokushin : association de l’ultime vérité). Dès 1958, il publie son premier livre What is karaté? et Bobby Lowe crée à Hawaii la première branche internationale du kyokushinkai. En 1959 la première compétition internationale est organisée par B. Lowe à Honolulu (Îles Hawaii). En 1960, la deuxième édition de ce tournoi voit la participation de 16 pays. En 1964 Oyama crée l’I.K.O (International Kyokushin Organization). En 1969 arrive le premier tournoi japonais toutes catégories « Kyokushinkai All Japan Open Karate Tournament ». En 1975 Oyama met sur pied le premier championnat du monde kyokushin à Tokyo. Le premier champion du monde est le Japonais Katsuaki Sato. Ces championnats se déroulent par la suite à tous les quatre ans.
Masutatsu Oyama s’est éteint le 26 avril 1994 à l’âge de soixante et onze ans, des suites d’un cancer du poumon.
Son héritier testamentaire est Shôkei Akyioshi Matsui – 8e dan. Né en 1963, il a été deux fois champion du Japon et champion du monde en 1987. Il dirige aujourd’hui l’I.K.O. 1 et poursuit le développement du kyokushinkai dans l’esprit que lui a légué Masutatsu Oyama.
À la mort d’Oyama, Keiji Sanpei (trois fois champion du Japon et vice-champion du monde), Nishida et d’autres anciens uchi-deshi (disciples) ont créé leur propre groupe kyokushin, ce qui a provoqué au niveau international diverses fractures et la naissance de nombreuses écoles.
Référence : http://kyokushin-namur.skynetblogs.be/post/4990682/histoire—breve-histoire-du-kyokushin-et-de-